La Jungle

Elle ne voulait pas le brusquer... mais, il était dans un drôle d'état, un peu comme elle parfois, sauf qu'elle, elle ne s'en rend pas compte. Son coeur s'emplissait de tristesse au fil de leurs pas.

Elle s'arrêta, tenant toujours la main du géant, la serrant de plus en plus.

Qu'est ce qui se passe? Quelque chose ne va pas?

L'empathie... saleté de pouvoir!! Elle pensait qu'en restant avec lui, il lui parlerait qu'ils découvriraient ce monde et partageraient cette mission, résultat, le rat était parti seul, eux aussi, et les autres ne décollaient plus du campement, alors que les réserves d'Entremonde s'épuisaient. Cette mission commençait à mal tourner.

Tu sais, je peux comprendre plein de choses...et en ressentir plein aussi...

Il était trop distant à son goût.

Accélérer ses dons??

Et... ce n'est pas une bonne chose? d'avoir plus de dons?

Il l'évitait toujours, décidément elle n'aimait pas ça du tout. C'est comme s'il avait peur... mais peur de quoi? Qu'elle le morde??
Elle ne comprenait pas.. il avait dit, accélérer et pas amplifier. De quoi parlait-il?
Elle, de nature à se laisser porter par les sentiments, pour une fois réprima la colère qui montait en elle, elle ne comprenait pas, mais ne voulait pas non plus forcer le géant à lui révéler ses craintes.

Si tu décides de t'ouvrir à moi, alors je serai devant..

Elle accéléra le pas, enleva son arc de l'épaule, et le transforma en épée. Se tenant le bras, la douleur commençait à se réveiller.

Elle venait de décapiter une plante de sa magnifique épée, que Kôtarô lui balança sans ménagement:

Je pense être une bombe à retardement...

Elle se figea sur place. Elle se demandait comment ils avaient pu en arriver là. Depuis le début de l'aventure, le destin les avait rapprochés, et pourtant, cela ne faisait que quelques temps qu'ils étaient en Entremonde. Maïwen, elle, avait l'impression que cela faisait des mois entiers qu'elle n'était pas rentrée chez elle. Mais LUI, occupait souvent ses pensées, et l'empêchait de sombrer dans l'alcool le désespoir complet.
Et là, dans un monde où ils pouvaient tous y laisser leur peau, afin d'accomplir une mission ordonnée par un maire qui n'était même pas là, le destin cherchait à les séparer, en introduisant dans la tête du géant, des idées morbides.
Finalement, le peu de joie qui restait en Maï disparut. Ses yeux s'assombrirent, le sourire ne reviendrait pas avant quelques temps. Finalement, le doute se rependait en elle.

Et si on nous avait envoyé ici dans le but de nous laisser périr? Et si Angor nous avait menti? Si on ne pouvait plus aller à Entremonde?

C'est d'un air paniqué qu'elle se retourna vers Kôtarô. Les yeux grands ouverts, la bouchée bée, elle articula comme elle pu dans un chuchotement douloureux:

Nous allons tous périr ici...

Les questions qu'elles venait de se poser, elle les voyait défiler, elle étouffait, elle voulait partir, loin, elle voulait rentrer. Elle n'entendit même pas Kôtarô lui parler alors qu'il était à peine à deux mètres d'elle.
Elle sombra dans une crise d'angoisse horrible à vivre, elle était debout, fixant Kôtarô sans le voir. Et, elle tomba les mains à la gorge, elle voyait de nombreuses mains, noires, qui s'approchaient, qui lui attrapaient le cou et serraient, encore et encore.
Elle suffoquait.
Elle hurlait, pleurait, se débattait.

Naaaan! Laissez moi tranquiiiilles! C'est pas moi... Lâchez...moi!!

Son corps cessa de bouger, plus un spasme, plus rien. Les pupilles dilatées, le pouls faible, encore une fois, Maïwen était au bord du gouffre. Allait-elle mourir cette fois? La dernière fois, c'est un phoenix doré qui l'avait sauvée. MAis aujourd'hui? Elle entendait des bruits sourds. Sûrement Kôtarô qui s'affairait autour d'elle, cherchant un moyen de l'aider. Le poison s'infiltrait lentement dans tous ses vaisseaux. Sa tête.. elle allait exploser.. son coeur aussi.

Les lèvres de Kôtarô s'appuyèrent sur les siennes. Elle ne pouvait plus respirer... Mais.. mais... La vue revenait! L'ouïe aussi. Mais elle ne pouvait pas bouger, ni parler. Elle venait de comprendre ce qui lui arrivait. La plante.

Elle tenta alors de faire comprendre à Kôtarô l'origine du poison, mais c'est difficile quand quelqu'un vous embrasse ^^.
Plante...

Il faut qu'il comprenne...

Lorsque Kôtarô cessa l'embrassade, le malaise la repris, mais elle ne pouvait rien faire.

Les mains noires qui l'assaillissaient de nouveau ne la lâchaient pu, elle perdait des forces.
Elle se sentit voler, mais c'était une assez désagréable sensation. Elle, elle pesait lourd, très lourd, le sol l'attirait irrésistiblement à lui, mais elle ne pouvait pas le rejoindre. Elle ne pouvait pas non plus s'accrocher à Kôtarô. Elle était un poids mort.
Il fallut à Maïwen 5 bonnes minutes avant qu'elle ne puisse décrocher un mot correctement.
Cette situation lui rappelait de mauvais souvenirs. Elle avait déjà perdu une fois la parole, et elle ne voudrait retenter cette expérience pour rien au monde.
Elle fit des efforts surhumain pour poser sa tête sur la poitrine de Kôtarô, ou du moins lui faire comprendre qu'elle voulait être près de lui, se sentant TRES vulnérable.

Bien sûr qu'elle l'entendait. Mais elle ne pouvait pas répondre, enfin si, en sortant des vieux râles moisis... top glamour...

La jungle était assez calme, seul Kôtarô semblait agité. Maïwen savait bien que c'était de sa faute. Elle essaya encore de parler. Elle n'y arriva donc que 5 minutes après que Kôtarô ne l'ai éloigné de la plante-poison (aurait dit Thanquol).

Kôtarô...

La voix revenait! Vite, il fallait continuer pour voir si elle commençait à se désintoxiquer.

Merci...

Elle le regardait dans les yeux. Elle arriva même à porter une main au visage du géant. Elle pouvait donc également bouger un peu.
La première sensation qu'elle ressenti, était sa douleur au bras, toujours pas réparé.

Je suis en mauvais état... il faudrait que je me repose, ça va toujours mieux après une sieste.

Tu... veux continuer? La mission..?

Maïwen sentait de la joie émaner de Kôtarô, et le lien fort qui les unis ne pouvait qu'amplifier sa propre joie à elle. Elle sourit.

Alors nous allons partir d'ici, continuer cette quête et rentrer à la.. Entremonde

Elle s'appuya par terre avec son bras valide pour se mettre à genou. Mais là, elle n'y arriverait pas seule. Elle posa sa main sur l'épaule de Kôtarô (j'ai pas fait exprès).

Aide moi tu veux?

Il fallait qu'ils rentrent le plus vite possible, la fatigue la gagnerai très vite, et si comme Eve, elle ne dormait pas, elle s'endormirait, n'importe où à n'importe quel moment. Il fallait éviter ça à tout prix.

Comment lui expliquer ça...?

Elle se remit en route lentement mais sûrement, se massant le bras.
En regardant de plus près, elle remarqua que sa main devenait légèrement bleue.

... Mince.. ma manche...

Kôtarô... est-ce que tu peux déchirer ma manche s'il te plaît..? dit-elle en désignant la dite manche.

Elle était triste de devoir l'arracher, mais le sang ne pouvait plus circuler, et elle sentait en elle que si elle ne se dépêchait pas, elle pourrait perdre son bras.

Il faut aussi que je te dise... Comment dire... Je suis très fatiguée et.. j'ai un problème, c'est que... j'ai tendance à m'endormir n'importe où...

Elle rougit. C'était complètement stupide, mais ça pouvait devenir tellement dangereux...