Un très vieux Docteur..

"H.O.F.M.A.N. Kinan Andrew Elizabeth Hofman. Merci."

Il fit un petit sourire a Adrian.

"Merci de m'accompagner.."

Il attendit qu'il sorte pour enfiler son jean, son pull et sa veste. Dans sa poche, un petit mot doux.. Lucie lui disait un "Joyeux Anniversaire".. Étrange, il ne l'avait pas vu pendant tout son voyage à Entremonde ? Il remit son col devant la glace et il tenta de remettre son bandeau.. Qui avait légèrement changé, plus "médical", moins raffiné, que la bandeau qu'il avait acheté peu avant d'être embarqué dans cette histoire de fou. Il sortit.

"Allons-y Adrian.."

"H.O.F.M.A.N. Kinan Andrew Elizabeth Rupert Hofman."

Il s'assit et soupira discretement. Il joignit ses mains et les fit craquer lentement.

"Donc.. Vous voulez qu'on cause.."

Il toussota, son transport n'avait pas du être fait dans la dentelle. Il était toujours assez fatigué, il se jura qu'il retournerait au lit rapidement.

"On va causer donc.. Vous me voulez quoi ?"

Kinan regarda l'homme, les yeux écarquillés.. Que..Où était-il ? Dans un asile ?! Il pensait être juste dans un centre penitencier BIEN BIEN amenagé ! Il aggripa la siege quand il le vit se lever.. Quand se fut son tour, il remit sa cravate correctement et soupira.

"H.O.F.M.A.N. Kinan Andrew Elizabeth Rupert John Hofman. Merci. Vous voulez que je parle de mon enfance ?"

Il regarda par la fenêtre et se gratta le bouc.

"J'avais quatre ans quand ma mère est morte. Assassinée froidement. J'ai tout vu si vous voulez le savoir. Morte, froide, dans le salon. Je n'ai pas vu qui l'a tuée."

Il réarrangea son manteau d'un coup d'épaule.

"6 ans, mon père disparaît mystérieusement. 8 ans. Pour la première fois, je rencontre ma petite cousine française. Elle est devenue rapidement un flirt, puis ma petite amie. Nous avons fais tout ce que la morale réprouve entre cousins jusqu'à 20 ans. Elle m'a demandé de lui faire un enfant. Malheureusement, là même année, je l'ai tué."

Il avait besoin d'une clope.

"Elle a traversé le pare-brise. J'était saoul."

Il ricana, regardant le docteur avec un regard effrayant.

"Si vous voulez marquer quelque chose dans votre calepin, c'est le moment.."

Kinan ricana. Non, même, il rit. Comme un fou.

"Hofman"

Il se leva, s'approchant lentement, les mains dans les poches, du Docteur, un sourire trop grand aux levres. Il s'accroupit devant lui, comme pour parler à un enfant.

"Mon nom est Kinan Andrew Elizabeth Rupert John Lawrence Hofman. Et je vous interdit de l'écorcher UNE SEULE FOIS DE PLUS !"

Il se baladait a l’intérieur du cercle, tranquillement..

"Oui je bois, oui je fume.. Enfin je fumais avant aussi, donc ce n'est pas un vecteur entraînant.."

Il fit mine de réfléchir..

"Peut-être es-ce le fait de m'être fait violer par mon oncle en 74. Où le fait d'avoir jeté du haut du balcon le chat de ma voisine.. Non, non, c'est plus profond.."

Il s’arrêta, ricanant.

"Ou.. peut-être c'est le fait d'avoir rencontré Maïwen. Je.."

Il soupira et remit sa veste.

"Je l'aime.. D'un amour.. fou.."

Cette derniere remarque le fit rire, il se rassit et croisa les bras et les jambes.

"Alors ? Quoi de neuf Docteur ?"

"Un malentendu.. un malentendu.. faut voir quand même.." sortit de sa bouche.

Il regarda Adrian, se gratta la tête et fit mine d'être désolé.

"Hum.. excusez moi.."

Quand tout le monde fut partit, Kinan resta devant le Docteur, à le jauger en le regardant dans le blanc des yeux.. Il était étrange cet homme.. Vraiment étrange..

"Dans thérapie de groupe.. il y a.. groupe, nan ? A moins que vous restiez avec vos patients pour.. des consultations privées..?" dit il, un petit sourire aux lèvres..

Kinan jaugea l'homme quelques secondes. De longues secondes qui parurent des années a ses yeux. Qui était-il ? Que voulait-il ? Pourquoi une foutue carotte ?!

"Non merci."

Il se leva, remit sa cravate correctement, et regarda l'homme en coin.

"Vous ne connaissez rien de moi.."

Il ricana. Il savait ce qu'il allait faire. Il prit sa chaise par un bord et l'envoya valser contre un mur.

"Peut-être suis-je.. violent ?"

Il passa derriere lui, passant doucement et tendrement la main sur ses épaules..

" Voir même plus.. tactile.."

Il ricana et se remit devant lui, s'accroupissant, un large sourire sur ses levres..

"Ou peut-être les deux.."

Il regarda l'homme quelques secondes dans les yeux et se releva.

"Ou non. Alors, un conseil. Laissez moi partir. Sinon, vous n'aurez même pas l’occasion de vous poser la question de savoir qui je suis réellement.."

Le docteur resta de marbre devant le petit manège de Kinan. Il se contenta de grignoter sa carotte, impassible, suivant des yeux la mise en scène improvisée du jeune homme blond.

Avec un certain timing, le docteur finit sa carotte au moment où Kinan terminait son monologue.

Vous devriez jouer dans une pièce de théâtre, mister Oldman.

Avant que le jeune homme blond ne put esquisser le moindre geste, le docteur sortit un petit bâton de sa blouse, et pressa l'unique bouton rouge à l'extrémité de celui-ci.
Le sol se mit à trembler, et la terre qui se trouvait sous les pieds de Kinan s'ouvrit en deux. Une large bouche béante commençait à s'entrouvrir, menaçant de happer notre borgne adoré.
Puis la trappe fut totalement ouverte, de la circonférence du cercle de chaises. Mais Kinan ne tomba pas. Il "flottait" en l'air, suspendu par un fils invisible.
Le docteur tenait son machin dirigé pointé vers sa poitrine. L'air semblait se distordre à son extrémité, nul doute que c'est ce petit appareil qui permettait à Kinan de tenir en apesanteur.

Vous êtes un incorrigible vous. Nul doute que vous êtes quelqu'un de... dérangé.

Puis le docteur se mit à rire.

Mais tout cela n'est qu'un masque, oui, un masque, car en réalité vous êtes prêt à tout pour aider votre prochain, surtout si il s'agit d'une demoiselle. Le profil typique du prince charmant, avec cependant un lourd penchant pour la bouteille et un je-ne-sais-quoi d'étrange, un peu comme Hannibal Lecteur.
Vous saviez que je l'ai eu comme patient . Nous avons fait un excellent travail ensemble. Maintenant, il est fleuriste à Miami. Etonnant non ?

Sachez que maintenant, vous ne représentez plus rien pour moi. Je vais faire de vous un moins que rien.

Le rideau tombe, mister Joman, sur vous et votre personnalité... banale.

Ce dernier mot fut prononcé comme si il le crachait. Puis le docteur porta sa main libre à son visage, et commença à se décoller la peau du coup. Puis il tira d'un coup sec, et se fut tout le visage qui était arraché. Le véritable visage du docteur était celui d'un homme aux grands yeux marrons et à la mèche folle.



Puis Kinan tomba. Une chute libre qui semblait durer des heures. Tout n'était que noir autour de lui.
Puis la chute cessa. Kinan sentit que son corps était posé sur une surface plate et métallique. La lumière perça les paupières du jeune homme. Une lumière blanche, froide, lointaine.

Maintenant il était dans une immense cage, comme celle fait pour les rongeurs, mais aux proportions d'un homme cette fois. Ce qui se trouvait au delà des barreaux d'acier était dissimulé dans la pénombre. La cage était vide.